Elle fait partie des pionniers, de ces maquilleurs qui osent faire entrer le makeup  naturel sur les plateaux de ciné, elle a même utilisé le maquillage ALL TIGERS pour le tournage de Toni en famille, avec Camille Cottin. Découvrez le parcours inspirant d'Emma Franco, une cheffe maquilleuse de cinéma au parcours singulier. Originaire d'une famille multiculturelle, Emma nous raconte comment ses racines indo-françaises ont nourri sa passion pour le maquillage. Elle partage des souvenirs marquants de sa carrière, des rencontres qui ont forgé son chemin et l'ont amenée à se sentir pleinement accomplie en tant que maquilleuse professionnelle.

 

Parle-nous de toi et de ton parcours.

Je m’appelle Emma Franco, je suis cheffe maquilleuse de cinéma.

J’ai grandi entre l’Inde et la France, je pense que différentes dimensions du maquillage qui m’ont touchée et m’intéressent encore viennent de ce métissage.

Dans la culture indienne, les enfants sont maquillés dès leur plus jeune âge avec du khôl, il y a l’iconographie des divinités hindouistes, la femme indienne dans le cinéma indien est toujours apprêtée avec l’eye-liner, des fleurs dans les cheveux, des coiffures, de beaux saris…

Et puis il y a des influences qui ne viennent pas des images, par exemple la mère de cette amie d’enfance qui était toujours impeccable, qui avait un poste de maquillage chez elle, ce qui était magique pour moi, et qui ne me donnait qu’une envie, tout essayer ! Je fabriquais des masques en carton avec mon père, je me maquillais aux fards à l’eau…

Depuis que je suis toute petite, il y a du maquillage autour de moi dans des formes très différentes, qui m’ont donné envie d’expérimenter, de faire moi-même, et aussi je crois que j’ai toujours été fascinée par les visages, les femmes très maquillées, à l’écran ou dans la vie.

Comment es-tu devenue makeup artist et à quel moment t'es-tu dit "je suis une maquilleuse professionnelle, j'ai réussi" ?

Ne sachant pas que maquilleuse pouvait être un métier, je me destinais à une école d’arts plastiques. Et juste avant les révisions du bac, j’ai découvert en vagabondant sur des sites liés à la beauté, l’existence des écoles de maquillage. J’ai donc suivi la formation de deux ans chez l’ITM, à Paris, pendant laquelle j’ai pu faire de nombreux stages, qui montrent les dimensions très différentes que peut avoir le maquillage : de « maquillage d’enfants » à  animatrice de vente chez Sephora, mais aussi des courts métrages, des émissions TV…

En 2012, j’ai eu la chance de faire un long métrage en tant qu’assistante et j’y ai rencontré des  personnes fabuleuses qui m’ont ensuite appelée pour continuer à travailler avec eux.

À cette époque, j’ai aussi proposé mes services à une cheffe maquilleuse, Flore Masson, qui est  devenue ma meilleure amie et avec qui nous travaillons toujours ensemble. J’ai également  continué à travailler sur de nombreuses émissions TV à ce moment là. Toute ces différentes activités se sont donc mises en place en même temps, et je crois que ça montre les différentes dimensions que recouvre ce métier.

J’ai réellement eu le sentiment d’être devenue maquilleuse lorsque j’ai fait mon premier long métrage en tant que Cheffe, en 2013 sur le film « Les Mercuriales » de Virgil Vernier.  Les discussions sur les looks des personnages, la vision qu’en avait le réalisateur, puis les acteurs, faire des essais, voir ces personnages imaginés prendre vie… ça m’a plu, ça m’a émerveillée. Je me suis sentie à ma place..

Y a-t-il une personne qui t'inspire dans ton travail ?

Les icônes que je chéris particulièrement ont toutes des maquillages et des styles propres : Kylie Minogue, Dita Von Teese, Pamela Anderson, Cher, Divine. C’est leur look qui me plaît, c’est leur caractéristique, je ne m’en inspire pas pour le travail au cinéma, même si j’ai toujours en tête des petites références.

Et puis il y a des maquilleurs américains que j’aime, qui ont fait certains films que j’ai aimés pour le maquillage et qui m’inspirent pour le travail. Amy Byrne (Proxima, Blanche Neige et le chasseur..); Michèle Burke (Entretien avec un vampire, La guerre du feu), Sara Tanno (A star is born , House of Gucci) …..pour n’en citer que très peu…

Est-ce que tu as développé une signature ou un style propre à toi en tant que maquilleuse ?

C’est compliqué de parler de signature dans mon travail, car en tant que maquilleuse cinéma, je suis au service d’un projet, au service de personnages, qui sont des créations collectives.

À la rigueur, plutôt que de parler de signature, qui implique une marque vraiment personnelle et propre, reconnaissable, je dirais plutôt que ma patte, ce qui est apprécié dans ma pratique, c’est  le côté « peau naturelle ». J’aime bien laisser quelques brillances sur la peau, j’adore le glow naturel de la peau, que j’essaie de faire ressortir, surtout quand le personnage le permet. Je reste  dans le réalisme de l’aspect « nu » de la peau, mais je le fais en sorte qu’il apparaisse tel à  l’image.

Peux-tu nous raconter une collaboration ou un projet qui t'a particulièrement marquée dans ta carrière ?

Le film « Un couteau dans le coeur » est un projet qui m’a marquée. ça m’a montré que je pouvais  aller loin dans la création de maquillage en peu de temps. J’étais en collaboration avec la cheffe  maquilleuse Flore Masson, on avait libre cours grâce au réalisateur Yann Gonzalez qui nous a fait  confiance, il nous a laissé la place pour fabriquer des maquillages assez forts et on s’est vraiment  éclatées au niveau de la création.

Cette grande marge de manoeuvre se mêlait à des impératifs de temps assez serrés : il fallait enchaîner plusieurs comédiens en peu de temps, et finalement je me suis rendu compte que plus j’en faisais, plus la créativité arrivait. Parfois on se bloque, on se dit qu’il faut certaines conditions pour être efficace, alors que pas « forcément ».

Ce qui est intéressant avec les limites de temps, c’est qu’on arrive à faire l’impasse sur des choses, à mettre l’accent sur d’autres, et finalement on arrive à enchaîner plusieurs maquillages  complets en très peu de temps et à forger des looks qui fonctionnent très bien.

Y a-t-il des erreurs de maquillage que tu considères comme des faux-pas ?

Absolument pas. J’adore les erreurs de maquillage. Au fond je ne pense pas qu’il y ait de faux pas dans le maquillage, car on est tou.te.s libres de faire ce qu’on veut. Il y a juste des choses qui me font tiquer. Ça peut être très précis comme une bouche mal faite, un rouge à lèvres mal posé qui ne s’applique pas bien sur les contours des lèvres ou un fond de teint mal appliqué .

Mais justement, les faux pas sont de bonnes références pour moi, pour mon travail au cinéma, pour les personnages.

Qu'est-ce qui te passionne le plus dans ton quotidien de makeup artist ?

Ce qui me passionne le plus dans mon quotidien de maquilleuse, c’est la vie d’un tournage,  m’occuper d’un ou de plusieurs comédiens, être au service d’un projet. En général, bien sûr, je choisis des projets qui me plaisent. Et puis je maquille tous les jours, et pour moi c’est toujours  passionnant !

Quel est ton produit préféré chez ALL TIGERS ?

Mes produits préférés chez ALL TIGERS sont les crayons fards à paupières, notamment le fard vert 305 que j’adore et que je porte très souvent, et j’aime beaucoup aussi les vernis à ongles, aussi bien pour les coloris que la tenue.

Y a-t-il un conseil ou une astuce de maquillage que tu aimerais partager avec notre communauté ?

Toujours être libre de faire ce que l’on veut, ce n’est pas la peine de suivre une espèce de routine  fond de teint + anticerne + poudre, libre à vous de ne faire qu’un maquillage des yeux, ou libre à  vous aussi de vous maquiller à votre convenance, on n’est pas obligés de suivre la règle « si je  fais les yeux je ne fais pas la bouche »… Non, faites-vous plaisir surtout ! Évidemment, bien  hydrater sa peau et bien se démaquiller.

Si tu étais dans notre équipe, quel serait le prochain produit ALL TIGERS que tu aimerais créer ?

J’aimerais vraiment, vraiment créer des mascaras de couleur. J’ai l’impression qu’il y en a peu, ça me ferait très plaisir d’avoir de beaux verts, violets, roses, entièrement vegan, pour les yeux.

Merci beaucoup Emma, à bientôt !

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