Le maquillage, bien plus qu’un simple rituel de beauté, est un symbole puissant de l’expression féminine et de l’affirmation de soi. L’usage du maquillage remonte à des millénaires et illustre comment cet art a accompagné les femmes dans leur quête de pouvoir, de séduction, et d'émancipation.
Les débuts : le maquillage, outil de statut et de pouvoir
On trouve les témoignages de l’utilisation du maquillage dès l'Antiquité. Dans l'Égypte ancienne, il ne se limitait pas à l’embellissement : les pharaons et les membres de la noblesse appliquaient du khôl autour des yeux non seulement pour rehausser leur regard, mais aussi pour affirmer leur pouvoir et se protéger symboliquement des esprits maléfiques. La reine Cléopâtre, icône de beauté et de pouvoir, en est le parfait exemple : son maquillage sophistiqué participait à l’image de puissance qu’elle véhicule encore à ce jour.
En Mésopotamie et en Grèce antique, le maquillage servait également de marqueur social. Les femmes appliquaient des poudres à base de plomb blanc pour blanchir leur teint, une pratique réservée aux classes supérieures. Cette distinction symbolisait la richesse et la noblesse, traduisant l’idée que l’apparence pouvait influencer la perception du statut et de l’autorité.
Moyen Âge et Renaissance : ambivalence et contrôle
Pendant le Moyen Âge, le maquillage subit un net recul. Dans une Europe marquée par la religion chrétienne, l’usage des cosmétiques était souvent associé à la vanité et à la dépravation. Trop puissant, le makeup ? Les femmes qui se maquillent prennent le risque d’être jugées moralement si elles se maquillent visiblement. Cependant, dans la cour des rois et reines, les pratiques cosmétiques persistent discrètement. C’était un moyen pour les femmes influentes, comme Élisabeth I d'Angleterre, d'asseoir leur image d’autorité. Sa peau très blanche et son rouge à lèvres vif étaient des signes de son pouvoir incontesté et de sa singularité.
La Renaissance réintroduit l’art de se maquiller, mais toujours avec une ambiguïté entre la coquetterie et l’obligation de modestie. Les teints pâles, obtenus par des poudres souvent toxiques, continuaient de marquer la distinction sociale.
Les 19e et 20e siècles : vers un maquillage émancipateur ?
L’époque victorienne accentue la discrétion en matière de maquillage, considéré alors comme trompeur et réservé aux actrices et aux femmes à la vie dissolue. Cependant, au début du 20e siècle, le maquillage connait un tournant majeur. Les suffragettes, militant pour le droit de vote des femmes, portent ostentiblement un rouge à lèvres comme un symbole de rébellion et de libération. Cette période marque le début de l’appropriation du maquillage comme un outil d’expression de soi et de revendication féministe.
Dans les années 1920, le mouvement flapper, ou "garçonne" en France, change la donne. Les femmes arborent les lèvres foncées, des yeux charbonneux et des cheveux courts, défiant les conventions et affirmant leur indépendance. L’essor des films muets a aussi popularisé le maquillage, influençant des millions de femmes à travers les figures emblématiques du cinéma.
Pendant Deuxième Guerre Mondiale, le rouge à lèvres incarne une frontière idéologique. C'est le symbole d'une féminité instrumentalisée, outil de propagande. Adolf Hitler, disait-on, détestait "les femmes peintes", incarnées par le rouge à lèvres, comme un symbole de débauche occidentale. Côté Américain, c'est un emblème de patriotisme : loin du front, si les femmes font tourner la société, le lipstick fièrement arboré semble les ramener, plus ou moins insidieusement, à l'injonction de la féminité.
Après la guerre, finie l'émancipation : le rouge à lèvres bien rouge devient un nouveau conformisme, l'uniforme de la ménagère, que l'on porte au quotidien dans une société où les femmes sont plus que jamais sexualisées dans la publicité. Les années 1960 voient néanmoins émerger une autre vague d'émancipation où le maquillage redevient un symbole de liberté : il ose ses couleurs vives et ses styles audacieux, s'autorise toutes les créativité, appuyé par des icônes telles que Twiggy et Brigitte Bardot.
Le maquillage aujourd’hui : outil de confiance en soi
Dans les dernières décennies, le maquillage continue de jouer un rôle fondamental dans l'affirmation de soi. Affranchi des conventions, il ne se contente plus de souligner la beauté naturelle ; il est un moyen de communication et de prise de position, mais aussi de célébration de chaque personnalité, de chaque singularité.
En porter ou ne pas en porter, choisir parmi d'innombrables couleurs ou finis, dépasser les limites traditionnels des genres, ouvrir de nouvelles formes de manière d'incarner la féminité ou la masculinité, les tendances récentes montrent un retour aux looks affirmés, adoptés par des mouvements qui célèbrent la diversité corporelle et l’acceptation de soi. Les produits portent en plus des convictions, tels que ceux de ALL TIGERS, reflètant une nouvelle forme de pouvoir décisionnel : le choix éthique et personnel, qui soutient la confiance en soi tout en respectant ses propres valeurs.
Au fil du temps, le maquillage s’est transformé, outil de puissance féminine, acte de résistance contre les normes ou célébration de sa propre singularité, affranchi des frontières de genre.
Laissez un commentaire